Un nouveau départ
- arthurpenet
- Sep 23, 2016
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Depuis tout p’tit les bateaux ça me fait rêver.
Partir loin, être libre, sans limite, poussé par le vent, vers l’aventure. C’était ça mon rêve de gosse.
J’ai eu l’immense chance de grandir au bord de la mer en Bretagne et de mettre les pieds sur un bateau dès l’âge de 8 ans. Je me souviens c’était un Optimist ; tu sais ces p’tites coques de noix qui permettent tout juste à un enfant de s’asseoir à bord. Et bah justement j’étais haut comme trois pommes à 8 ans et c’était le bateau parfait pour moi. Mes premiers ronds dans l’eau, seul à bord de mon Optimist, qu’est-ce que j’étais fier et heureux ! Je sentais que tout devenait possible et je rêvais de voyages, d’explorations, d’aventures !
Et puis j’ai grandi…
Comme je m’en sortais plutôt bien à l’école j’ai suivi une voie toute tracée : classe préparatoire, école d’ingénieur et puis j’ai eu mon premier job d’ingénieur, plutôt confortable et bien payé dans l’industrie. C’était paisible, mais pas très fun ni passionnant. Et puis un jour j’ai eu une sorte de déclic. J’ai essayé de me souvenir du p’tit Arthur que j’avais été et qui avait bien changé depuis l’époque de l’Optimist… Et c’est revenu ; je l’ai retrouvé ce p’tit gars avec ses rêves plein la tête. Le p’tit Arthur; petit Prince curieux de tout, joueur, rêveur, épris de liberté et d’aventures. Et c’est comme s’il me disait : « Pourquoi tu m’as laissé tomber ?! On a encore plein d’aventures à vivre ! » J’ai réalisé ce jour-là que je m’étais éloigné de moi-même. Deux sentiments m’ont envahi : la joie de renouer avec l’enfant en moi et la certitude que je devais quitter mon job et changer de vie.
A compté du jour où je me suis positionné, où j’ai pris le risque de quitter ma vie d’alors pour tenter une nouvelle vie, les portes se sont ouvertes sur ma route, comme autant de confirmations que j’étais sur la bonne voie ; comme autant d’encouragements à poursuivre dans cette direction.
Quelques jours avant la fin de mon contrat, une chance incroyable s’offre à moi : grâce à l’intervention d’un ami que je ne remercierai jamais assez, j’ai reçu un beau jour un mail de Michel Desjoyeaux, un grand marin qui a gagné deux fois le Vendée Globe, cette course mythique en solitaire autour du monde ; et dans ce mail, Mich’ comme ils l’appellent dans le milieu, me propose de travailler dans son atelier à la préparation de voiliers de courses pour le Vendée Globe 2016. Ni une ni deux j’accepte et commence dès le mois de janvier 2016 ma nouvelle vie de technicien préparateur dans l’écurie de course au large de Mich’ Desj’ : Mer Agitée.
OK je gagnais deux fois moins bien ma vie et mon job étais plutôt physique et salissant. Le premier bateau que j’ai préparé c’était en plein hiver, dehors, sous la pluie la plupart du temps… Après ça j’ai passé pas mal de temps au sec mais à poncer du carbone, faire de la strat’ de carbone. On a de la résine partout quand on fait ça et les fibres de carbone tu n’as pas idée à quel point ça gratte ! Mais je m’en fichais de ces petits inconforts, tout ce que je voyais c’était que j’apprenais plein de choses passionnantes ou utiles pour les projets d’aventure qui me trottent dans la tête. En plus j'avais la chance de côtoyer des hommes parmi les meilleurs marins du monde et des techniciens passionnés et compétents qui prenaient le temps de me transmettre un peu de leur savoir-faire. Quelle chance non ?! Aujourd'hui, je repense de temps en temps à ma vie il y a encore quelques mois, et je mesure l’impact de cette simple question : « c’est quoi tes rêves ? » et le virage opéré ensuite. Tout est allé si vite !
Comme disait Einstein
« la vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ».
J'ai donc décidé de tirer profit au maximum de mon expérience à l’atelier de Mer Agitée mais aussi de préparer la suite. Je suis ingénieur tu te souviens? Et je me suis dis que ce serait vraiment génial de pouvoir mettre en pratique tout ce que j’ai appris à l'école pour concevoir et imaginer les bateaux de demain. Alors j'ai tenté ma chance et postulé en juillet 2016 à la prestigieuse Université de Southampton en Angleterre. La chance fût avec moi et quelques jours plus tard j’appris que j'étais pris pour suivre le Master of Science d’architecture navale, à la condition de repasser un test d’anglais. Rien n’est jamais gagné d’avance mais j’y croyais terriblement et après trois semaines de préparation intensive, j'ai passé l’examen et l'ai réussi haut la main !
A ce moment là, tout a semblé se concrétiser d'un coup ! Une année passionnante techniquement et humainement s’ouvrait devant moi ! J'allais apprendre à construire des bateaux ! Ce savoir-faire tellement ancien, qui véhicule tant de mythes, d’épopées, d’aventures incroyables. Christophe Colomb, Eric Tabarly et aujourd’hui François Gabart, Armel le Cléach, Alex Thomson et tous ces fous qui font avancer la science et les techniques de leur temps en vivant leur rêves, je mets mes pas dans les leurs.
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